« Quand bon sens peut parler »

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Chacun aura pu apprécier à sa juste valeur l’article de Ad. Schaerlaeckens intitulé « TUER LE SPORT » : l’auteur tire la sonnette d’alarme sur des dérives de certains colombophiles qui n’hésitent pas à monnayer leur production de façon exorbitante. C’est là la rançon d’un succès mérité ou non sur des concours nationaux et internationaux.

Dans nos pays à l’économie libérale, la loi de l’offre et de la demande est ainsi faite que c’est bien souvent au final l’acquéreur qui fixe indirectement le prix de son objet de convoitise. Qu’on ne vienne pas alors se plaindre du caractère excessif de certains prix toujours consentis entre le vendeur et l’acheteur !

Lancer le débat sur le caractère professionnel de ces transactions serait un autre sujet. Mais derrière tout cela, il existe une autre réalité. Quand on parle ici de plusieurs centaines de milliers d’euros, on est loin, très loin, de tous ces colombophiles amateurs, dont je suis, qui n’ont de souhait que de le rester pour partager avec leurs amis une passion souvent dévorante et si coûteuse aussi qu’elle en vient parfois à déséquilibrer les budgets de certains ménages.

Pour l’anecdote, je me suis livré ces jours-ci à une petite enquête spécifique sur un moteur de recherche bien connu. En rentrant la demande suivante : « Pigeons voyageurs et mariages », il n’a pas fallu plus de 0,25 seconde pour identifier quelques 244 000 référencements de sites destinés à faire connaître telle personne et/ou telle structure associative colombophile, adhérente ou non à une fédération, organisant des lâchers de pigeons voyageurs destinés à des manifestations les plus variées qui soient, allant du mariage à la commémoration d’évènements les plus divers, en passant par des animations locales à but de vulgarisation.

Pour vous en assurer, voyez plutôt le lien suivant dont la copie écran vous apporte la preuve formelle : cliquez sur le lien ci-dessous :

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Là où les choses se corsent c’est lorsqu’on analyse en détail quelques uns de ces référencements. On s’aperçoit alors que tel amateur ici, telle association plus loin, ou encore tel groupement ailleurs, ou aussi telle collectivité locale et/ou territoriale – que je ne citerai pas – mettent un point d’honneur à clarifier la nature et le coût de leurs prestations et/ou de leurs aides financières en indiquant à qui le demande la façon de finaliser une situation contractuelle ou une action subventionnée.

Le droit français est ainsi fait que tous ces échanges, quoi qu’on en dise ou qu’on veuille en interpréter, sont parfaitement légitimes et légaux aussi. Il faut bien comprendre qu’il n’y a absolument là rien d’immoral ni de répréhensible à vouloir monnayer pour quelques dizaines d’euros une prestation qui permettra ici à des particuliers, là à des adhérents d’association voire à des dirigeants qui se sont dévoués corps et âme, de faire survivre leur structure au milieu des nécessités économiques du moment. « Bon sens ne peut mentir ! »

Vouloir jouer les moralistes pour contrer de telles futilités financières qui sont parfaitement contrôlées par les comptabilités personnelles de tous nos citoyens soumis aux déclarations fiscales et à ses contrôles potentiels, vouloir jouer les redresseurs de torts envers celles et ceux qui se battent tous les jours pour animer et permettre la survie des associations qu’ils dirigent, vouloir jouer aussi les justiciers – pourquoi pas alors ? – envers toutes ces collectivités locales et territoriales qui financent elles aussi ces manifestations en les subventionnant chaque fois qu’elles le peuvent, relève de l’utopie maladive.

« Les Pigeons » se sont hier manifestés à leur façon car leur survie était en cause. Aujourd’hui, par adhésion à un dogmatisme dépassé, il se trouve que quelques individus qui se prétendent « amateurs avisés » mais qui sont simplement jaloux de tout ce qui se passe à côté d’eux veulent empêcher d’autres amateurs – des vrais ! – de réaliser ce qui constitue une excellente façon de faire connaître une activité en pleine récession. Que peut-il y avoir de plus honorable et exemplaire que de contribuer ainsi à la « communication et aux relations publiques » là où les classes moyennes et populaires l’apprécient encore ?

Ici une personne, là une association, et là encore une collectivité se sont bien trop souvent senties obligées de se substituer à des actions que les personnes missionnées pour les remplir n’ont pas su ou voulu assumer, trop souvent par incompétence ou préoccupées qu’elles étaient par le dogmatisme qu’elles prétendaient d’abord défendre en incarnant vis-à-vis de tous une attitude construite sur l’exclusion. Laissons ces personnes se noyer dans leur utopie maladive.

Mais laissons aussi « Les Pigeons » jouer à pigeons, élever leurs athlètes préférés, les respecter aussi en leur assurant « le vivre et le plaisir » ! Ce que ceux-là réalisent depuis des dizaines d’années, au titre bien souvent d’actions bénévoles qu’ils veulent seulement défrayer est tout à leur honneur et ils n’ont rien à envier à ceux qu’ils continuent à honorer en les commémorant sur des dates qu’on jugera historiques aussi, en contre partie de quelques menues monnaies !
Respectons ces « Pigeons »-là !

Et laissons aux tenant du libre échange le soin de payer ce qu’ils ont envie de payer à qui ils veulent le payer ! Et puis, comme le disait si justement un de mes amis : « N’oubliez pas que dans bénévole il y a benêt et volé : benêt par ce qu’il faut être assez fou pour consacrer autant de temps de nos jours à des passions aussi coûteuses, et volé parce que, très justement, ce temps-là, c’est aussi de l’argent qu’on vous prend ! »

A bon entendeur…

Paul-Edouard DESPIERRES
Colombophile amateur
Bénévole associatif depuis 1966